dimanche 20 avril 2008

Black is beautiful



nouvelle bonté

il n'est pas question de livrer le monde aux assassins
d'aube

la vie-mort
la mort-vie

les souffleteurs de crépuscule
les routes pendent à leur cou d'écorcheurs
comme des chaussures trop neuves
il ne peut s'agir de déroute
seuls les panneaux ont été de nuit escamotés
pour le reste
des chevaux qui n'ont laissé sur le sol
que leurs empreintes furieuses
des mufles braqués de sang lapé
le dégainement des couteaux de justice
et des cornes inspirées
des oiseaux vampires tout bec allumé
se jouant des apparences
mais aussi des seins qui allaitent des rivières
et les calebasses douces au creux des mains d'offrande

une nouvelle bonté ne cesse de croître à l'horizon

Aimé Césaire, Moi, Laminaire, 1982.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Souhaitons que l'horizon ne soit pas trop loin...

Anonyme a dit…

Mince, je viens tout juste de saisir le sens du billet de jeudi... Respect.

Anonyme a dit…

Que pensez-vous de cette citation :
Le motif végétal est un motif qui est central chez moi, l'arbre est là. Il est partout, il m'inquiète, il m'intrigue, il me nourrit.

Dans un entretien avec son ami écrivain Daniel Maximin, (revue Présence africaine, 1982), Aimé Césaire détaillait sa fascination pour les arbres.

Chaque jour, après avoir passé la matinée dans sa mairie de Fort-de-France, le poète habitué à faire le tour de son île, s'arrêtait devant son préféré, un énorme fromager dont les branches et le feuillage traversaient la route.
Beau témoignage, non ?